Ce n’est pas gagné…mais ce n’est pas perdu !

Le conflit entre les syndicats et le gouvernement à propos de la réforme des retraites n'est pas terminé. Une nouvelle période de concertation est en train de s'ouvrir, où des avancées peuvent être confortées, peut-être pas satisfaisantes à la fin, nous verrons.

Ce qui semble désormais assuré, c’est que ceux qui voulaient l’abandon pur et simple de toute réforme, ceux qui voulaient une victoire énorme (et politique) en mettant le gouvernement à genoux, ont perdu. C’est le problème du « tout ou rien » : comme on n’a jamais tout, on a toujours rien.

 

La CGT actuelle, radicalisée par des objectifs en réalité politiques plutôt que syndicaux, exacerbée en cela par des rivalités internes poussant à la surenchère, a adopté une stratégie risquée de victoire totale… ou de défaite majeure. Avec en première ligne les cheminots, poussés à faire grève en continu, au lieu de cesser avant une négociation (dont on ne veut pas), pour reprendre éventuellement si celle-ci ne donne pas satisfaction. Un conflit total, au risque de s’épuiser, au lieu de doser son action. Avec, à la suite, la FSU et Sud, qui comme toujours ne veulent pas être en reste, et cette fois avec FO également.

 

Pour déclencher le mouvement, il était hors de question d’essayer d’entraîner la CFDT – et l’Unsa. La CGT n’entendait pas devoir partager une victoire éventuelle. Mais maintenant que la défaite se profile, on cherche des boucs émissaires plutôt que de se remettre en question. Et on commence, comme à chaque fois dans ce cas, à entendre des militants cégétistes, de FO, ou d’autres, s’en prendre à la « méchante CFDT », la rendant responsable de l’échec de leur politique radicale (sans parler de propos qui tiennent plus du mensonge que de la caricature). Ils n’avaient pas besoin de la CFDT pour la victoire, mais il en ont besoin dans la défaite.

 

Face à des déclarations de mauvaise foi que vous pouvez entendre, ne vous laissez pas faire. Énoncez ce qui précède. Dénoncez la stratégie du bouc émissaire. Par expérience, cela calme en général les accusateurs, et cela met toujours de votre côté au moins une partie de l’auditoire.

 

Si la retraite à points peut réduire des difficultés, notamment pour les salariés ayant cotisé à plusieurs régimes de retraite et pour les carrières hachées, il reste à obtenir des revendications portées par la CFDT, car le projet du gouvernement n’est pas le nôtre. Nous devons garantir l’abandon à long terme de l’âge pivot, obtenir des compensations salariales pour les enseignants – sans les « contre-compensations » de Blanquer -, etc. Ce n’est pas gagné, mais ce n’est pas perdu. Surtout si tous les syndicats jouent le jeu de la négociation syndicale, au lieu d’agir en supplétifs de partis politiques.