Accueil des réfugiés : la réponse ne peut être que collective

L'impératif moral de l'accueil des migrants doit être l'occasion de reconsidérer l'urgence et les modalités de l'ensemble de notre politique de solidarité.

La première exigence est que la politique d’accueil des migrants soit véritablement collective, et qu’elle ne repose pas que sur le dévouement des personnels. Accueillir dans les établissements et les écoles des enfants brutalement arrachés à leur environnement quotidien et traumatisés par la guerre sera une tâche particulière et difficile. Elle nécessitera des compétences particulières qui existent chez les personnels de santé et sociaux, les enseignants spécialisés, les psychologues scolaires, les formateurs. Ces compétences devront être mobilisées de façon organisée pour être efficaces et équitables. Cette tâche impose aussi une coordination avec les autres services publics et collectivités publiques qui devra être pilotée au plus près par les autorités académiques.

La seconde exigence est que des moyens supplémentaires soient dégagés pour assumer cette politique d’accueil dans toutes ses dimensions. Certes, l’accueil de tous les enfants est la mission de l’école inclusive que nous voulons construire, mais cela ne dispense pas de reconnaître la charge particulière qui incombera aux établissements et aux écoles concernées, ni de valoriser l’engagement particulier des collègues qui se mobiliseront. A plus long terme, il faut organiser l’effort de formation nécessaire à l’accomplissement de cette mission, notamment pour créer des compétences en Français Langue Etrangère (FLE).

Enfin, pour le Sgen-CFDT, l’accueil des migrants impose de reconstruire nos réseaux de travailleurs sociaux. Les fédérations de la CFDT ont récemment interpelé le Premier Ministre sur l’état alarmant de ces réseaux et sur l’incapacité manifeste de la société française à reconnaître la valeur des métiers du travail social qui constitue le ciment de notre société. L’impératif moral de l’accueil des migrants doit être l’occasion de reconsidérer l’urgence et les modalités de l’ensemble de notre politique de solidarité.

Les ministères concernés, et au premier chef celui de l’éducation nationale de l’enseignement supérieur et de la recherche, doivent rapidement montrer qu’ils ont pris conscience de ces enjeux.