Annoncé début janvier, le Plan maternelle n'est pas la révolution que l'on pouvait craindre. Il pose des principes intéressants même si la conception verticale de l'approche ainsi que l'accent mis sur les fondamentaux sont sans doute en décalage avec ce qu'attendent les personnels.
Le Ministre a annoncé le déploiement prochain d’un plan pour l’école maternelle allant de la nécessaire formation des enseignants et des personnels d’encadrement au renforcement des apprentissages fondamentaux.
En rappelant les principes de cette école, le Ministre n’en remet pas en cause les fondements.
Pour le Sgen-CFDT, ce plan, dont les contours sont intéressants, nécessitera par contre des moyens humains et financiers pour sa mise en œuvre.
Rappeler le pourquoi de l’existence de l’école maternelle
Les craintes étaient légitimes en amont de ces annonces, le Forum Maternelle avait publiée une Tribune dans le Monde afin de mettre en garde contre toute mesure pouvant aller vers une élémentarisation de l’école maternelle.
Finalement, dans la note de service parue au Bulletin Officiel le 12 janvier dernier, le Ministre rappelle les fondements essentiels de l’école maternelle.
Sa mission est en effet de donner envie à l’enfant d’aller à l’école pour apprendre, pour affirmer et épanouir sa personnalité, pour exercer sa curiosité sur le monde qui l’entoure, tout en respectant son rythme de développement. C’est en respectant cela que l’enfant pourra entrer progressivement au statut d’élève à part entière et entrer dans les apprentissages.
Donner les moyens aux enseignant.e.s de construire une scolarité bienveillante
Comme le Ministre le rappelle, l’enfant en entrant à l’école doit avant tout être sécurisé. cela passe notamment par le nécessaire partenariat avec la famille, les ATSEM ou encore les services de la petite enfance.
En effet, issus de mode de garde très variés, un enfant entrant à l’école doit y retrouver des repères, des personnes à l’écoute capable d’agir.
Si l’idée est louable, comment la mettre en œuvre alors que l’on trouve des classes à plus de 30 élèves. Difficile dans ces conditions pour les enseignant.e.s de mettre en place un accueil personnalisé. La France est en ce domaine le pays où le nombre d’enfants en classe préscolaire est parmi les plus élevé du monde.
Créer des partenariats, indivdualiser plus les échanges demandent du temps ce que les personnels n’ont pas.
Pour le Sgen-CFDT, pour agir sur ce levier, il convient donc d’agir sur les effectifs dans les classes en recrutant des enseignant.e.s mais aussi sur le temps de travail des enseignant.e.s.
Des formations sur le pilotage et autour des fondamentaux
Ces annonces mettent également l’accent sur le pilotage des écoles maternelles (formation des IEN). Il vise aussi la mise en œuvre d’un plan de formation dédié aux spécificités de l’école maternelle, formation des directeurs et directrices des écoles maternelle au pilotage du projet pédagogique de l’école et à l’animation des concertations pour les écoles dans le cadre du Conseil National de la Refondation.
On laisse donc supposer à travers ces mesures qu’il suffirait d’un meilleur pilotage en maternelle pour que les élèves réussissent mieux en élémentaire et notamment au CP.
Et comme il fallait s’en douter, pour les enseignants de maternelle, le plan d’action de formation, basé sur des constellations, se fera autour des apprentissages fondamentaux.
Pour le Sgen-CFDT, c’est oublier que l’enfant de maternelle a avant tout besoin de devenir élève pour entrer dans les apprentissages. Pour cela, il doit pouvoir découvrir son corps, se socialiser, asseoir son comportement en coopérant.
Les enseignant.e.s ont aujourd’hui besoin de se former sur ces différents aspects et pas seulement avoir des plans de formations entièrement dédiés aux fondamentaux. Ce n’est que lorsque tout cela sera installé que l’enfant devenu élève pourra réellement entrer dans le développement de compétences didactiques.
Des formations inter-catégorielles
L’axe formation est très présent dans ce plan. On y annonce ainsi la nécessaire mise en formations inter-catégorielles.
Ces temps pourraient rassembler évidemment les enseignant.e.s mais aussi les ATSEM ou les éducateurs de jeunes enfants.
Objectif affiché, développer les coopérations au sein de la classe pour mieux prendre en charge l’enfant dans sa singularité.
Vouloir donc créer des partenariat pour renforcer la cohérence pédagogique ne peut donc être jugé que comme positif.
Pourtant, pour le Sgen-CFDT, cette initiative ne doit pas émaner des cadres mais du sein même de l’école et de ses besoins repérés.
Il conviendra donc de construire ces formations à la carte en écoutant les acteurs de terrain. Dans le cas contraire, on risque de mettre en développer des formations qui seront déconnectées de la réalité vécue par les équipes pédagogiques.
Ainsi, la maternelle, l’école maternelle très impactée par la mise en œuvre de l’inclusion scolaire doit pouvoir ainsi mettre en place des formations spécifiques autour du repérage et de l’accompagnement de ces enfants, eux qui ne bénéficient souvent d’un étayage humain qu’à l’entrée en élémentaire par le biais de personnel AESH.
Attention à la mise en œuvre au niveau local
Ce plan ministériel, en mettant particulièrement l’accent sur la formation spécifique à la maternelle, rappelle que ce temps, pour le jeune enfant est fondamental pour sa vie future. En réaffirmant que certaines notions mathématiques ou de langue française doivent être installées, il ne pose pas le principe du bachotage en vue des évaluations de CP.
Reste maintenant à savoir comment il sera interprété par les hiérarchies intermédiaires qui trop souvent sur le mode injonctif, entendent mettre en œuvre ce qu’elles croient savoir ou maîtrisées. Pour le Sgen-CFDT, il convient avant tout de faire confiance aux enseignant.e.s dans les écoles afin de permettre à l’enfant de s’épanouir.