Conditions de reprise : informations obtenues et revendications du Sgen-CFDT

Le 22 avril 2021, entre le conseil de défense et la conférence de presse du gouvernement, avant la réunion des recteurs et rectrices, le ministère de l’Education nationale réunissait les syndicats représentatifs dont le Sgen-CFDT sur l’organisation de la reprise de l’enseignement en présentiel.

Conditions de reprise : informations obtenues et revendications du Sgen-CFDT.Conditions de reprise dans les écoles, les collèges et les lycées à partir du 26 avril 2021 : analyse et commentaires du Sgen-CFDT sur les informations obtenues du ministère le 22 avril 2021.

Mesures pour les personnels : le ministère doit aller plus loin

Vaccination

Le directeur de cabinet n’a pas pu répondre précisément aux demandes du Sgen-CFDT :

  • Élargissement de l’accès à la vaccination pour les agents travaillant dans les écoles, collèges et lycées à des classes d’âge plus jeunes.
  • Convocations ou ASA pour se rendre à un rendez-vous de vaccination quand il n’est pas possible de le faire en dehors de ses horaires de travail.
  • Suspension du jour de carence en cas d’absence liée aux effets secondaires de la vaccination.

Masques

Le Sgen-CFDT demande

  • soit l’équipement des personnels en masques chirurgicaux, et FFP2 pour celles et ceux qui travaillent au contact d’élèves ne portant pas le masque,

soit la création d’une prime d’équipement spéciale couvrant les frais à engager pour pouvoir disposer de masques de couvrant le temps de travail et de déplacement domicile travail.

Le Sgen-CFDT a rappelé que les masques en tissu ne sont pas adaptés aux réalités de travail et que de nombreux collègues s’équipent donc à leurs propres frais.

Cas contact

Le ministère n’a pas répondu à notre demande de révision de définition des cas contacts pour les personnels.

Conditions de reprise : la politique de test

A partir de la semaine du 26 avril 2021, les personnels de l’Éducation nationale et des collectivités locales qui exercent dans les écoles et établissement recevront deux auto-tests par semaine.
Ces tests n’étant pas des tests RT-PCR, ils seront donc totalement gratuits sans reste à charge de 1€ car ne supposant pas une analyse en laboratoire.

Politique de tests pour les élèves : du chiffre plus que de l’organisation réelle

Dans les écoles : poursuite des tests salivaires

Le gouvernement prévoit une augmentation du nombre de tests salivaires proposés aux élèves. Ils seront priorisés vers les départements où la circulation du virus est la plus forte.

Dans les collèges : des tests salivaires dans l’attente des auto-tests

Dans l’attente d’un avis de la Haute autorité de santé permettant de déployer des auto-tests, des tests salivaires seront proposés dans les collèges.

Dans les lycées : auto-tests à partir du 10 mai 2021

A partir du 10 mai, donc une semaine après la reprise d’un enseignement en présentiel, il sera proposé aux lycéen.ne.s de réaliser un auto-test chaque semaine.
A ce stade le gouvernement souhaite que les auto-tests soient réalisés dans les lycées.

Quelle organisation ?

A tous les niveaux d’enseignement la réalisation de ces tests suppose une organisation qui n’a rien d’évident et que le gouvernement ne semblait pas encore en capacité de cadrer.

Pour le Sgen-CFDT, il est hors de question que la passation des tests se fasse dans un cadre qui risquerait de favoriser les contaminations.

Il est par exemple hors de question de faire enlever le masque et pratiquer les auto-tests et les tests salivaires à des groupes d’élèves nombreux en même temps dans un lieu clos.

Des précisions validées par les autorités sanitaires doivent être données rapidement.

L’encadrement des élèves pendant les prélèvements suppose un grand nombre d’adultes dont l’Éducation nationale ne dispose pas. Si le ministère prévoit le recrutement de nouveaux médiateurs, cela reste quand même un point de difficulté majeur.

Mais l’organisation et le travail à réaliser ne se limitent pas au moment de la passation des tests :

  • Sensibilisation des élèves et des parents d’élèves (le ministère élabore des documents dans ce but)
  • Recueil du consentement des familles
  • Acheminement des tests, des équipements de protection pour les personnels qui encadrent les tests
  • Gestion des déchets qui sont des déchets infectieux
  • Lecture du résultat des auto-tests,
  • exploitation des résultats des tests salivaires transmis par les laboratoire pour travailler en lien avec les familles à l’isolement des élèves détectés positifs et pour repérer les cas contacts, et déclencher les fermetures de classes
  • Remontées statistiques à faire aux autorités académiques

Déployer des tests est nécessaire pour limiter les risques de contamination dans les écoles, collèges et lycées. Cela suppose un travail conséquent de nombreux agents de différents métiers.

Le Sgen-CFDT a demandé qu’ils aient un appui mais aussi que leur travail soit clairement priorisé.
Nous avons aussi rappelé que réussir à faire passer massivement des tests aura un impact sur le temps d’enseignement, il faut que le ministère l’assume.

Le ministère envisage-t-il de solliciter des agents volontaires pour superviser les auto-tests ?

Oui, le ministère envisage cette possibilité mais n’en fait pas le mode d’organisation premier.
Pour le Sgen-CFDT, en période de crise comme celle que nous traversons, le fait d’envisager de recourir au volontariat d’agents pour participer à des missions qui ne sont pas les leurs peut être envisagé mais dans un cadre bien précis :

  • Réel volontariat
  • Formation
  • Reconnaissance
  • Protection en l’occurrence juridique et sanitaire
  • Réorganisation de leur travail
  • Le recours à des volontaires pour superviser les élèves au moment des auto-tests ne peut se substituer à la recherche et donc au recrutement de personnels mieux en capacité de participer à la stratégie de tests.

100% des élèves 100% du temps ?

Il y a déjà plusieurs mois, le Sgen-CFDT appelait à sortir du tout (100% des élèves 100% du temps dans les écoles, collèges et lycées) ou rien (fermeture généralisée à l’enseignement en présentiel).
On en prend sans doute progressivement le chemin. Mais pour le Sgen-CFDT c’est insuffisamment pensé, organisé et assumé avec l’ensemble de la société.

Dans le premier degré

Pas de jauge mais des classes fermées dès qu’un cas positif est confirmé chez les élèves, et interdiction de répartir les élèves d’un.e enseignant.e non remplacé.e vont mécaniquement aboutir à un fonctionnement partiel des écoles.
C’est nécessaire pour casser les chaînes de contamination, mais c’est complexe évidemment pour les personnels, pour les élèves, pour les parents d’élèves.

Le Sgen-CFDT demande au gouvernement de garantir aux parents qui seront confrontés à la nécessité de garder leurs enfants à la maison des dispositifs de type chômage partiel, autorisation spéciale d’absence et à agir auprès des employeurs pour qu’ils n’en subissent pas des conséquences négatives dans leur travail, dans leur carrière.

Dans le premier degré, on n’améliore donc toujours pas la capacité à faire de la distanciation en particulier à la cantine.

Dans le second degré

Fermeture de classe dès qu’un cas positif est confirmé parmi les élèves.
On le sait cela peut parfois amener à isoler un grand nombre d’élèves en lycée pour un cas positif du fait de l’organisation des enseignements.
Avec la prévalence plus forte de variants plus contagieux, cette mesure semble cependant nécessaire pour éviter une reprise épidémique par le retour de l’enseignement en présentiel

Des jauges bancales

Tous les lycées de France doivent désormais assurer l’enseignement en présentiel à demi-jauge.
Les collèges de 15 départements doivent assurer l’enseignement en présentiel à demi-jauge en 4ème et en 3ème, ailleurs les collèges estimant devoir recourir à ce type de mesure auront plus facilement l’accord du rectorat.

Pour le Sgen-CFDT, le recours à des demi-jauges n’a rien d’évident pour les personnels (réorganisations à construire, prévoir des activités réalisées en autonomie par les élèves, les accompagner dans l’acquisition de cette autonomie) et les élèves (car plus de travail en autonomie à faire).
Aussi, il faut être au clair sur les objectifs recherchés. Pour le Sgen-CFDT, les demi-jauges sont utiles pour permettre plus de distanciation dans l’ensemble des lieux clos dans lesquels des groupes d’élèves sont rassemblés : salle de classe et cantine.
C’est la raison pour laquelle nous demandons que la notion de demi-jauge s’entende au niveau de groupes d’élèves rassemblés en lieu clos.

Le ministère n’a pas suivi cette proposition.

Alors que le virus se transmet par aérosols et que les travaux de ventilation n’ont pas été conduit partout, cette décision va aboutir à ce qu’il y a toujours ici ou là des groupes de plus de 30 élèves réunis des journées entières en lieu clos.
Le fait qu’il y aura moins d’élèves présents dans l’établissement aboutira cependant mécaniquement à  réduire les tensions lors du temps du repas.

Non, la fin d’année ne sera pas normale

Le Sgen-CFDT l’a rappelé fortement : pas plus que le début d’année ne l’a été, la fin d’année scolaire ne sera pas normale :

  • Emprise de la passation des tests sur le temps d’enseignement,
  • Absences régulières d’élèves cas positifs ou cas contacts,
  • Absences d’enseignant.e.s qui ne pourront pas toujours être remplacé.e.s
  • Recours nécessaire à des jauges qui diminuent le temps d’enseignement en présentiel
  • Classes fermées dès qu’un cas positif est confirmé parmi les élèves,
  • élèves qui ne peuvent être répartis dans les autres classes dans le premier degré lorsqu’un.e professeur.e des écoles est absent.e non remplacé.e

Le Sgen-CFDT a donc demandé au ministère de fixer un cap pour la fin de l’année scolaire adapté à cette réalité : prioriser les objectifs pédagogique est nécessaire pour donner de la sérénité à toutes et tous.

Pour le moment, et nous l’avons découvert pendant la conférence de presse du gouvernement, le ministre ne souhaite pas de nouveaux aménagements pour les épreuves terminales des différents examens.

Pour le Sgen-CFDT, cela suppose malgré tout d’ajuster les attendus à la réalité de l’année écoulée. Nous avons aussi rappelé que si l’évolution épidémique amenait de nouvelles décisions, il ne faut pas attendre deux semaines avant l’échéance.

Cantine, aération, ventilation : le gouvernement à la peine

La qualité de l’air, et donc la bonne aération et ventilation des locaux est un élément majeur dans la prévention des contaminations avec un virus qui se diffuse par les aérosols.

Cela fait des mois que le Sgen-CFDT en parle, demande la programmation de travaux, l’installation de capteurs de CO2 et de purificateurs d’air.

Le ministre a enfin semblé hier reconnaître l’intérêt de l’installation de purificateurs d’air.
Certaines collectivités n’ont pas attendu cette tardive prise de conscience et ont réalisé des travaux, ont installé des capteurs et des purificateurs.

Mais nous sommes encore bien loin du compte et le gouvernement en se réfugiant un peu facilement derrière la libre administration des collectivités locale ne met pas en œuvre ce qui serait nécessaire pour améliorer la situation.

Nous demandons la mobilisation du volet rénovation des bâtiments publics afin d’accompagner les collectivités en difficulté financière pour réaliser ces travaux et installations.

Nous demandons que l’État n’attende pas que toutes les collectivités consentent à le faire mais se substitue à elles pour défaillance dans la protection des personnels et du public réunis pour une activité de service public jugée essentielle.
Concernant les cantines, le Sgen-CFDT le dit et l’écrit depuis de nombreux mois, c’est un moment à risque de contamination par construction : des groupes en lieu clos sans masque.

A ce jour, faute de travaux, faute de mobilisation de lieux et personnels supplémentaires dans de nombreux territoires, les seuls éléments qui permettent de réduire le risque sont :

  • Dans le second degré, le recours à des jauges qui diminue le nombre d’élèves présents dans l’établissement et donc à la cantine,
  • Dans le premier degré, l’appel lancé par le ministre aux familles qui le peuvent à prendre leur enfants à la maison pour le déjeuner.

La pandémie qui dure, et pourrait durer au-delà de l’été, est un défi pour toutes les institutions comme l’École dont le fonctionnement est collectif, suppose la vie en collectivité.

L’École doit s’adapter davantage dans toutes ses dimensions (organisation, pédagogie) mais c’est toute la société qui doit s’adapter aux organisations imposées par l’épidémie.

Il y a encore beaucoup à faire pour y parvenir, seule solution pour sortir de la tension vécue par les personnels, les élèves et les familles.


La Foire aux questions du ministère de l’Éducation nationale devrait être mise à jour avant la fin de la semaine.