Et si on parlait (vraiment !) des absences des enseignants …?

La question du remplacement des enseignants est au coeur des préoccupations : que se soit au niveau des parents d'élèves, de l'administration ou bien des agents eux-mêmes, tout le monde est concerné !

En 2023, le gouvernement affirmait que le pacte était « la solution » au problème des absences des enseignants et nous démontrions déjà que c’était inexact, et comment dire… deux ans après, entre les indicateurs et les coupes budgétaires, on se rend bien compte que nous étions dans le vrai. 

En outre, l’administration elle même a continué de s’emparer de cette question face aux dysfonctionnements et à la grogne des parents d’élèves : uniformisation des statuts de remplaçants pour gagner en flexibilité et en mobilité, répartitions des élèves des enseignants absents dans les autres classes, déplacement au pied levé des remplaçants…

Aujourd’hui à la veille de la rentrée 2025-2026, le système éducatif est toujours aussi fragile. Et nous ne cessons de le dénoncer depuis des années !

Absences des enseignants : des affirmations erronées

15 millions d’heures non remplacées à cause des absences de courte durée…vraiment ?!

  • Mais selon la Cour des comptes les absences de courte durée représentent 2,5 millions d’heures en 2018-2019, un peu plus de 500 000 sont remplacées
  • dans le 1er degré, le remplacement est assuré dès le 1er jour dans 80% des cas, sauf que sur fond de diminution du nombre de Professeur.e.s des écoles remplaçant.e.s, cela passe trop souvent par la répartition des élèves dans les autres classes qui deviennent de fait surchargées.
    Autre conséquence du manque de personnels remplaçant : les Professeur.e.s des écoles sont régulièrement interdit.e.s de formation continue parce que le ministère ne peut pas assurer leur remplacement. Ce qui est aussi une impasse pour le système éducatif.
  • Dans le 2nd degré, 96% des absences de plus de 15 jours sont couvertes, mais le nombre d’heures de cours perdues augmente… il faut dire qu’il n’y a quasiment plus de personnels disponibles pour des remplacements en cours d’année. La pénurie d’enseignant.e.s a des conséquences.
  • Et pour rappel plus de la moitié des enseignant.e.s ne sont jamais absent.e.s pour congé maladie ordinaire, 1/4 ne le sont qu’une fois à l’échelle d’une année scolaire, 20% de leurs arrêts maladie ont pour origine des troubles de la voix.

Quels indicateurs observer ?

Depuis plusieurs années, la CFDT demande aux ministres successifs un diagnostic réellement partagé sur les absences et leur remplacement. Et il faudrait le faire à hauteur d’élèves : combien d’heures de cours perdues par un.e élève en moyenne par an ?

Au-delà de la moyenne nationale, comment se répartissent géographiquement les écarts à cette moyenne.
Nos remontées d’absences d’enseignant.e.s non remplacées pendant des mois, voire toute l’année, ne sont pas réparties de manière égalitaire, sont concentrées dans les établissements aux IPS les + faibles. Alors si l’objectif du ministère est vraiment une École plus égalitaire, c’est bien à cette question des remplacements longs non assurée qu’il faut s’atteler.
Syndicalement on constate que ce sont les remplacements longs, voire très longs non assurés, qui ont le plus d’impact sur les parcours scolaires font la différence.

Quelles revendications ?

Il serait bon d’écouter celles et ceux qui font, celles et ceux qui depuis longtemps observent cette question.
Depuis plusieurs années quand on a supprimé des postes dans le 2nd degré, on a transformé les postes en heures supplémentaires parce qu’en fait, on a supprimé des postes d’enseignant.e.s sans que ce soit justifié par la diminution du nombre d’élèves, ni par une diminution du nombre d’heures de cours à faire.
In fine comme précisé dans le rapport de la Cour des comptes de 2021 plus il y a d’heures sup, plus c’est dur d’assurer les remplacements courts.

Et pendant que ces affirmations erronées sur les absences des enseignants sont diffusées et relayées on n’avance pas sur des sujets majeurs en lien avec les absences des enseignant.e.s :

  • Assurer les remplacements longs partout,
  • Mettre en œuvre une politique de santé au travail et de prévention en santé digne de ce nom, (aujourd’hui, il n’y a qu’un médecin pour 16 000 agents à l’Éducation nationale)
  • Densifier massivement le contingent d’enseignants remplaçants

 

Sur la question du remplacement des enseignant.e.s comme sur d’autres sujets, il va falloir rapidement reprendre les choses à l’endroit.