Établissement public des savoirs fondamentaux : une occasion manquée

L'amendement de la Commission des affaires culturelles et scolaires de l'Assemblée nationale visant la création d'établissements publics des savoirs fondamentaux n'est pas acceptable en l'état sur le fond comme sur la forme, tant il passe à côté des enjeux actuels de la gouvernance du 1er degré.

Face à ce projet de création d’établissement public des savoirs fondamentaux, un collectif composé du Sgen-CFDT et d’associations et syndicats reconnus pour leur implication dans le domaine éducatif demandent aux député·es le retrait de cet article 6 quater (nouveau) et l’ouverture d’une véritable concertation de tous les partenaires.

Établissement public des savoirs fondamentaux : un projet construit sans aucune concertation

Sur la forme tout d’abord, cet amendement permettant la création d’un établissement public des savoirs fondamentaux intervient sans concertation préalable avec les partenaires sociaux, sans dialogue social, une marque de fabrique depuis le début de ce quinquennat. Il ne correspond aucunement au vécu des collègues dans leurs écoles, sur le terrain, dans les territoires. Le rapport sur la direction d’école sorti en juillet dernier et porté par Cécile Rilhac listait pourtant des pistes prometteuses. Cet amendement réduit l’ambition initiale à une vision hiérarchique et technocratique du système éducatif par un rattachement pur et simple des écoles au collège sans autre ambition qu’un pilotage administratif.

Un nouveau retour vers le futur ?

Établissement public des savoirs fondamentaux : une occasion manquée

Par ailleurs, pour le Sgen-CFDT, la dénomination d’établissement « des savoirs fondamentaux » est en contradiction avec les ambitions du socle commun. Elle semble réduire l’éducation à une vision traditionnaliste des apprentissages des élèves. Un nouveau retour vers le futur ?

Une méconnaissance du terrain

Cela marque surtout un manque de reconnaissance des personnels notamment du rôle des directeurs et directrices qui depuis toujours œuvrent à la réussite des élèves et au bon fonctionnement des écoles. C’est aussi nier le travail des principaux de collège, des personnels administratifs de ces établissements qui vont se voir rajouter arbitrairement (avec certes un adjoint) du travail lié à la gestion d’écoles. Ceci est d’autant plus vrai que le Ministère va y supprimer certains postes administratifs dès la rentrée 2019… Alors, quelle cohérence ?

Un manque de proximité qui ne facilitera en rien la réactivité nécessaire

Sur le fond, la réponse unique apportée par la Commission est insuffisante. Comment penser que c’est en rattachant partout les écoles au collège, en mettant en place partout un adjoint au principal chargé du premier degré que les problématiques des écoles françaises vont être résolues ?  C’est oublier un peu vite que le travail des écoles se fait au plus près des territoires et que ces territoires sont divers. C’est oublier aussi que 80 % du travail des directeurs et directrices actuels n’est pas transférable car lié à des relations humaines quotidiennes avec les parents, les collègues, les partenaires.

Un projet possible sur des territoires s’il est concerté et choisi par la communauté éducative

Pour le Sgen-CFDT, les modalités d’organisation des écoles doivent être réfléchies avec les acteurs. Ce sont eux qui au quotidien vont devoir les mettre en œuvre. Ce n’est donc pas le principal ou l’adjoint qui se trouveront à 20 km ( voire plus) de l’école qui pourront résoudre un problème nécessitant une solution immédiate. L’école a besoin de proximité pour plus de réactivité. Avec un établissement public de savoirs fondamentaux, le Ministre ne fait que déplacer le problème de l’IEN vers le principal sans  permettre une proximité entre problème et décision.

Pour le Sgen-CFDT, si reconfiguration de la gouvernance des écoles il y a, elle doit être concertée et non imposée. Elle doit se faire autour du parcours de l’élève sur la base du socle commun dans des territoires qui auront construit en amont leur projet. Elle doit être pensée dans l’intérêt de l’élève, des personnels dans une réflexion commune.

Pour le Sgen-CFDT : l’établissement du premier degré

Pourtant le statu quo n’est plus possible ! Refuser de voir le statut de l’école évoluer n’est pas non plus pensable. Les difficultés y sont grandes et les directeurs et directrices sont débordés par le quotidien et les différentes missions qui leur sont demandées. C’est pourquoi le Sgen-CFDT a bâti, après concertation sur de nombreux territoires un projet d’établissement du premier degré.

Un Ministre qui décide seul

https://sgen-cfdt.fr/contenu/uploads/2019/02/courrier-commun-PJL-EdC-EPSF-.jpgMalgré les demandes d’audiences pour présenter le projet, le Ministre est resté sourd à notre volonté de proposer quelque chose, la Commission Éducation présidée par les députés de la Majorité, idem. En agitant le chiffon rouge du rattachement de l’école au collège, le Ministre et la Commission des affaires culturelles et scolaires viennent de raviver des plaies anciennes. Il aurait mieux valu engager un véritable dialogue en amont pour construire un projet partagé. Parce qu’il porte une autre vision de l’école, le Sgen-CFDT demande donc le respect de l’agenda social où la question de la Direction d’école est inscrite.

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