Livret de Parcours Inclusif : qu’en pense le Sgen-CFDT ?

Installer le Livret de Parcours Inclusif au sein des établissements scolaires ne peut se faire d'un coup de baguette magique et sur la seule volonté institutionnelle. Les équipes pluriprofessionnelles des établissements scolaires doivent en effet pouvoir se l'approprier au plus vite !

La création du Livret de Parcours Inclusif part de la volonté de l’Institution de centraliser les données autour des enfants à besoins particuliers et permettre aux partenaires, dans la simplicité, de partager des informations. Pour le Sgen-CFDT, cela part donc d’une bonne idée à condition que les acteurs soient formés, accompagnés à son utilisation. Sans cela, ce LPI sera vite une usine à gaz et un document administratif à remplir en plus.

Une belle idée mais …. Livret du Parcours Inclusif : une belle idée mais qui nécessite des temps d'appropriation.

Pour le Sgen-CFDT, centraliser les outils, permettre des gains de temps, réduire le délai entre la prise de décision et sa mise en œuvre ne peut qu’aller dans le bon sens pour tous les acteurs de la communauté éducative. Reste à savoir si tout cela sera opérationnel, car les remontées des expérimentateurs montrent des difficultés.
Ainsi, l’accès aux informations doit être compartimenté : certaines informations sur l’enfant ne doivent être en effet être communiquées qu’à certaines catégories de personnels, pour préserver le secret médical. Pour le moment, les portails d’accès sont apparemment trop rigides, laissant les utilisateurs et particulièrement les enseignant.e.s en manque de repères pour construire l’inclusion de l’élève.
Le Ministère assure que cela devrait rentrer dans l’ordre et que l’application sera opérationnelle à la rentrée prochaine, tout au moins dans sa version actuelle. 

Il faudrait pour cela que les personnels soient informés de ce nouvel outil

En effet, c’est bien là le problème. Dans le premier degré, l’information commence à circuler via les IEN qui informent les directeurs et directrices d’école en leur proposant des temps de formations. Dans le second degré, au vu des premières remontées de nos adhérents, le LPI s’avère inconnu des personnels. Comment dès lors demander un déploiement dès la rentrée prochaine si les personnels chargés de la mise en œuvre de l’inclusion d’un enfant n’ont pas la formation nécessaire pour entrer les données requises ? La plupart des personnels de direction des EPLE ont eu l’information, mais beaucoup sont concentrés sur les priorités de fin d’année scolaire, notamment le bon déroulement des examens.  Il en va de même pour les enseignant.e.s du second degré qui pour nombre d’entre eux assurent des corrections d’examens. Pour le premier degré, même chose. Avec une fin d’année chargée, il paraît peu envisageable de suivre une formation spécifique sur l’utilisation de l’application avant la sortie des classes.
Si l’institution ne donne pas aux personnels les moyens de s’approprier cette application, elle risque d’être perçue comme un nouveau gadget ou une simple contrainte supplémentaire. 

Un Livret qui devra être renseigné !

Outre la formation en amont, il faudra aussi intégrer dans le livret les informations pour les enfants qui sont déjà inclus au sein des classes. Qui prendra en charge l’intégration des informations au sein de ce livret ? Cela représentera de toute façon une charge supplémentaire pour les personnels des établissements, qu’il conviendra de valoriser. Pour le Sgen-CFDT, ils doivent pouvoir bénéficier d’une indemnité spécifique liée à la création et à la mise en ligne initiale des livrets.
Pour le premier degré, difficile d’imaginer que cette tâche n’incombe pas une fois de plus à la directrice ou au directeur d’école. Une mission supplémentaire dans un temps limité à une période de l’année où il n’aura raisonnablement que peu de temps, tant la mise une œuvre d’une année scolaire est chronophage. Pour le Sgen-CFDT, il conviendra donc d’attribuer aux directeurs, aux directrices d’école des temps de décharge spécifique en plus, pour mettre en œuvre et renseigner ce livret de parcours inclusif. Si cela ne s’avère pas possible, il doit pouvoir se voir doter d’une indemnité en sus. 

Un livret utile, mais qui a ses limites

Si l’objectif de l’outil est bien de faciliter la centralisation et la circulation des informations, le Sgen-CFDT voit bien que là encore le Ministère ne s’est pas donné les moyens en temps et en heure pour en informer les utilisateurs. D’autre part, la synergie nécessaire entre les acteurs demande autre chose qu’un outil numérique. Pour le Sgen-CFDT, savoir comment les acteurs, ensemble, vont travailler, se compléter, agir sur le terrain, sont bien les ingrédients nécessaires pour réussir l’inclusion d’un élève à besoins particuliers.
Comme le Sgen-CFDT le réclame, l’inclusion demande des moyens qui dépassent le cadre strict de la création d’une application numérique. Cela passe par de la formation, des AESH en nombre suffisant et reconnu.es pour leur travail, des temps de concertation et des équipes pluriprofessionnelles disponibles et capables d’agir dans l’urgence.
L’inclusion scolaire est encore un défi pour de nombreux personnels, notamment les enseignants, tant cela peut les mettre en difficultés au sein de leurs classes, dans leurs pratiques. Pour le Sgen-CFDT, il s’agit bien que l’Ecole joue pleinement son rôle en la matière. Le Livret de Parcours Inclusif peut être une avancée pour apporter de la cohésion entre les partenaires. Mais, il s’agit aussi de donner les moyens humains et matériels à l’ambition sociétale que l’inclusion représente pour le futur de ces enfants, ces jeunes.