AESH : Parlons travail ! De la richesse et des difficultés du métier d’AESH

De décembre 2020 à janvier 2021, le Sgen-CFDT a recueilli la parole de plus de 1000 AESH sur leurs visions du métier. Merci à toutes celles et ceux qui ont pris la parole dans l'enquête. Une parole précieuse. Le Sgen-CFDT s'y appuie pour être porteur de proposition auprès des décideurs du Ministère.

AESH : Parlons travail ! De la richesse et des difficultés du métier d’AESHDans notre enquête, de réelles difficultés sont évoquées par les personnels AESH, mais nombreuses aussi sont celles et ceux qui ont exprimé leur fierté d’exercer ce métier et toute sa richesse auprès des enfants, avec d’autres professionnels… Cet article rend compte de leurs expressions (les prénoms et les lieux ont été changés pour préserver l’anonymat des personnels).

AESH : Un métier très riche, des personnels fiers de l’exercer

Aimer aider les enfants et s’enrichir à leur contact, sont les expressions qui reviennent le plus fréquemment.

  • « J’ai appris autant de mes élèves qu’ils ont appris de mon accompagnement. La sensation d’avoir contribué positivement aux parcours des jeunes en situation de handicap, en les aidant à s’insérer dans une société qui n’accepte pas assez la différence. » Corinne, Lot

  • « Accompagner des enfants avec un handicap, c’est un travail que je fais avec plaisir, avoir un lien et pouvoir les aider, écouter et les faire grandir c’est simplement gratifiant.. » Laëtitia, Bas-Rhin

Un très grand nombre de réponses à notre enquête souligne aussi la richesse des échanges avec d’autres professionnels et en premier lieu avec les enseignants.

  • « Je suis dans un établissement où les enseignants sont très à l’écoute ainsi que la direction et le fait d’intervenir aussi pour d’autres élèves aide à l’inclusion de mes élèves qui sont ainsi moins stigmatisés. Ils sont mieux intégrés et moi aussi. » Frédérique, La Réunion

  • « Être force de proposition, être consulté pour les GEVASCO, échanger avec les enseignants sur les points positifs ou les difficultés des enfants, partager de façon occasionnelle et régulière avec les parents quand cela est possible et nécessaire sur les enfants, être reconnu avec nos compétences, notre expérience par l’équipe enseignante sont des points positifs et importants de notre métier au quotidien ! La confiance des enseignants, directeur-trice, des parents, orthophoniste ou autre ET des enfants : une source de réconfort et de fierté ! » Nadia, Gironde

AESH, un métier, une expertise professionnelle, qui s’exerce dans la durée

Le métier d’AESH est en plein développement. Des collègues témoignent de tous les gestes et pratiques professionnels qui s’inscrivent dans le temps et montrent une réelle expertise.

  • « Je fabrique mes outils pour aider mes élèves. Outils plastifiés, aide mémoires, lapsbook, etc…, ils ont chacun un classeur avec les aides. Je fabrique un jeu chaque fois que possible pour le CDI même pour ceux qui ne sont pas dys peuvent retrouver sur une étagère tous ce qui peut les aider. On a mis cela en place avec la responsable du CDI. Les professeurs peuvent aussi les consulter. Cela sert beaucoup, les jeunes profs adorent. Les enfants qui sont suivies par une orthophoniste leur en parlent et elles apprécient. C’est très motivant de le savoir….. » Isabelle, Loire Atlantique

  • « La stabilité dans un établissement permet de s’intégrer à l’équipe et tout le monde est gagnant : les élèves suivis officiellement, ceux que l’on aide en plus à l’occasion parce qu’ils vous connaissent et vous sollicitent parfois, l’aidant lui-même, car il est connu et apprécié, et enfin, l’établissement qui a tout intérêt à connaître son personnel ! Bref, tout ce qui peut favoriser d’authentiques rapports humains… » Fabrice, Essonne

…. Mais des difficultés de tous ordres

Elles sont très nombreuses, et si un certain nombre sont récurrentes, elles sont aussi très diversifiées. Il faut noter que certaines sont extrêmement dures et reflètent un degré intense de difficultés.

  • « Ce qui est dur, c’est de ne pas savoir à l’avance quel(s) enfant(s) je vais accompagner, ne pas savoir quel handicap ils ont, et la directrice ne veut pas faire de rencontre entre les aesh et les parents des enfants. Donc on ne peut pas vraiment préparer notre rentrée. Ce qui est difficile, c’est de ne pas gagner beaucoup d’argent et donc de devoir faire des heures complémentaires sur le temps du midi pour avoir un semblant de vrai salaire. Ça fatigue beaucoup. Ce qui est dur également, c’est que l’on est considéré comme des pions que l’on peut déplacer au bon vouloir de la direction. » Claire, Morbihan

Beaucoup de témoignages évoquent des tâches hors mission (photocopies de l’enseignant.e, passage toilette avec des groupes d’élèves, surveillance des récrés,..), le sentiment de ne pas être pris au sérieux, le manque de moyens matériel, le manque d’information et d’écoute.

Le manque de reconnaissance et de considération revient aussi très régulièrement.

  • « Le manque de considération de la part de notre hiérarchie qui nous prend pour des moins que rien, des ratés !!! » Fathia, Bouches-du-Rhône

  • « Même si nous sommes censés faire partie de l’équipe éducative nous sommes souvent mis de côté. Nous ne participons pas au conseil de classe, et on nous consulte rarement. Nous ne sommes pas intégrés dans les groupes de communication intranet des enseignants. Pas de réunions pour faire le point en dehors de l’ESS. On oublie souvent de nous informer (modifications d’emploi du temps, absences, évènements…). On nous place et déplace comme des pions sans nous consulter. On ne nous informe pas toujours des pathologies et traitements des élèves que nous suivons. » Nathalie, Oise

Quelques expressions, heureusement rares, font état de violences de la part des élèves accompagnés ou de besoins particuliers liés à leur pathologie.

  • « Difficultés physiques et mentales (je me suis occupé d’un enfant polyhandicapé qui n’était pas propre, j’étais avec lui aussi pendant les récréations), pas de pause, épuisement physique et psychologique. » Manuella, Isère

Enfin, l’emploi du temps est aussi souvent cité comme source de difficultés :

  • « Trois élèves dans 3 classes différentes en étant à 62%. J’ai voulu les contenter tous les 3 au niveau des matières principales et du coup j’ai un EDT à rallonge de 8h à 17h du lundi au vendredi avec des trous au milieu. Conscience professionnelle ….cela engendre une grosse fatigue. » Magali,

Des  expressions des difficultés sont aussi en lien avec les PIAL. Pour en savoir plus, lire nos articles :

Toutes ses difficultés peuvent amener un grand sentiment d’isolement, de manque d’accompagnement, de fatigue,… autant de signe que ce métier présente d’importants risques psycho-sociaux. 

On relève aussi toutes les attentes en termes de rémunération : l’aspiration à une paye décente. Les besoins d’un véritable accompagnement, qu’il soit hiérarchique ou entre pairs sont aussi largement mis en avant.

Le Sgen-CFDT a demandé et obtenu une audience auprès du ministère où nos militantes AESH ont pu porter, entre autre, tous les témoignages recueillis.
En Limousin nous avons rencontré Mme Bénézit, secrétaire générale adjointe du rectorat en audience.