Maltraitance institutionnelle : ça suffit !

Face aux évolutions non anticipées, les acteurs de terrains sont lassés, épuisés, exaspérés, en colère... Le Sgen-CFDT et la FEP-CFDT demandent au ministère d’affirmer sans ambiguïté sa confiance et son soutien aux équipes et de garantir enfin les conditions matérielles de leur sécurité sanitaire.

La situation sanitaire, la crise sécuritaire ont un impact majeur sur l’organisation du système d’éducation et de formation

Notre pays traverse des crises d’une extrême gravite. Epidémie de Covid19 qui s’emballe et nous place dans une situation sanitaire difficile et durable bien sûr mais aussi crises économique et sociale qui en résulte, crise sécuritaire aussi sous les coups de boutoir du terrorisme.

Face à ces crises, notre pays a besoin d’École et d’Enseignement supérieur pour former, éduquer permettre l’émancipation de la jeunesse et permettre à la jeunesse de construire son avenir. Et pour offrir toujours ce service à la population, il est indispensable d’adapter de manière soutenable pour toutes et tous l’enseignement scolaire et l’enseignement supérieur à cette donne.

Car la situation sanitaire, la crise sécuritaire ont un impact majeur sur l’organisation du système d’éducation et de formation.

Face aux évolutions non anticipées, les acteurs de terrains sont lassés, épuisés, exaspérés, en colère…

Face à ces crises, l’institution scolaire produit des procédures (protocole, circulaires) ou de la communication. Pour le Sgen-CFDT et la FEP-CFDT c’est à la fois inefficace et contre-productif. Cela sape la capacité d’initiative et d’adaptation que les agents devraient pouvoir mettre en œuvre. Cela détruit le lien nécessaire au bon fonctionnement de l’École. Les acteurs de terrain face aux évolutions non anticipées (certaines ne l’étaient peut être pas, mais d’autres oui si l’on accepte de préparer même les scénarii dont on ne souhaite pas la réalisation) sont lassés, épuisés, exaspérés, en colère.

Plusieurs fois depuis mars 2020, ils n’ont pas compté leurs heures pour adapter l’organisation scolaire et la pédagogie aux contraintes inédites auxquelles ils sont confrontés, pour finalement tout devoir reprendre quelques jours voire quelques heures avant l’accueil des élèves.

Cette insécurité au travail n’est pas tenable dans la durée.

Ne pas prendre des mesures opérationnelles pour répondre à l’exaspération légitime des personnels, pour mieux assurer leur protection sanitaire et celle des élèves, c’est prendre le risque de devoir de nouveau fermer totalement aux enseignements en présentiel les établissements, ce que personne ne souhaite.

Le Sgen-CFDT et la FEP-CFDT demandent à l’institution de prendre ses responsabilités

Face à ces crises, le Sgen-CFDT et la FEP-CFDT demandent à l’institution de prendre ses responsabilités en définissant quelques objectifs aux acteurs de terrain. Objectifs simples et partagés par la nation, et affirmation sans ambiguïté d’une confiance et d’un soutien dans l’action. Le Sgen-CFDT et la FEP-CFDT demandent à l’institution de garantir enfin aux acteurs de terrain les conditions matérielles de leur sécurité sanitaire.

 

Les objectifs simples et partagés, à notre sens devraient être les suivants :

  • Viser l’ouverture des établissements à un enseignement en présentiel le plus longtemps possible à tous les élèves, et a minima aux étudiant.e.s de L1 et L2 ;
  • Adapter s’il le faut l’organisation des établissements scolaires quitte à réduire le temps d’enseignement si aucune autre solution ne permet le respect des gestes barrières : allongement du temps de passage à la cantine, organisation de l’enseignement en plus petit groupe ;
  • Ce qui suppose :
    • Un travail avec les autres acteurs du territoire pour ne laisser aucun enfant, aucune famille sans solution, pour accompagner les élèves dans le travail en autonomie qu’ils auraient à faire en articulation avec l’enseignement en présentiel,
    • Une adaptation des contenus d’enseignement à la perturbation de fait de la scolarité des enfants liée aux absences d’enseignant.e.s et d’élèves isolés parce que cas contact ou porteurs du virus voire ayant déclaré la maladie : cela suppose de redéfinir les objectifs attendus pour les épreuves concourant à l’obtention d’un examen et pour la fin d’année scolaire. Il ne s’agit pas de baisser le niveau, mais bien de ne pas faire reposer sur la responsabilité de chacun le fait de finir ou non des programmes bien souvent trop chargés,
    • Du temps de concertation entre les personnels, un temps qui doit être reconnu par l’institution pour préparer les différents scénarii probables même si nous ne les souhaitons pas, c’est le seul moyen de donner de la visibilité à toutes et tous et de sortir de la pression de l’urgence permanente.

Le « renforcement » du protocole sanitaire est insuffisant, l’adaptation de l’École au contexte n’est toujours pas réalisée

Alors que les établissements scolaires vont ouvrir avec, pour le moment, la consigne d’accueillir tous les élèves sur la totalité du temps scolaire et de ne mettre en œuvre la distanciation que « si c’est possible », le Sgen-CFDT et la FEP-CFDT considèrent que le « renforcement » du protocole sanitaire est insuffisant, que l’adaptation de l’Ecole au contexte n’est toujours pas réalisée. Pourtant, avec une circulation beaucoup plus rapide du virus sur l’ensemble du territoire métropolitain, voire national, il y a une forme d’urgence à renforcer véritablement la protection des personnels et des élèves pour ralentir l’épidémie et pour éviter des fermetures d’établissements.

Si nous saluons la décision d’étendre le port du masque pour les enfants dès le CP (en sachant bien que ce ne sera pas simple pour tous les enfants et donc une pratique à installer grâce au travail pédagogique des professeur.e.s des écoles), si nous saluons la priorité donnée aux personnels pour accéder aux tests Covid, des mesures restent à prendre.

Le Sgen-CFDT et la FEP-CFDT réitèrent donc leurs propositions

Nous réitérons donc nos propositions :

  • Fournir des masques plus protecteurs et adaptés aux situations de travail réelles, et en nombre suffisant pour couvrir le temps de travail et le déplacement domicile travail, les personnels au contact des élèves, pour assurer le service d’éducation, ne peuvent s’appliquer la limitation de leurs contacts sociaux, chaque semaine ils passent 24 heures en lieu clos avec 12 à 32 élèves dans le premier degré, chaque semaine ils passent de l’ordre de 18 heures en lieux clos avec des groupes pouvant atteindre 38 élèves dans le second degré pour un total avoisinant 200 élèves hebdomadaire par exemple en langue vivante, en EPS, en éducation musicale, en arts plastiques… et désormais la probabilité d’avoir dans les groupes un élève porteur du virus sans le savoir encore est accrue ;
  • Prioriser les récréations en extérieur à des temps calmes dans la salle de classe ;
  • Suspendre immédiatement le jour de carence ;
  • Clarifier la position des personnels vulnérables et cas contact et mieux assurer leur remplacement ce qui suppose des recrutements ;
  • Améliorer rapidement la qualité de l’air dans les salles de classe et de restauration scolaire : financer un équipement en purificateurs d’air et prévoir l’investissement nécessaire pour que plus une salle de classe n’ait de fenêtres condamnées, pour installer des systèmes d’aération professionnels ;
  • Equiper les enseignant.e.s d’amplificateurs de voix et développer un accompagnement médical adapté pour prévenir les risques de lésions durables aux cordes vocales ;
  • Rechercher des lieux proches des établissements permettant de diminuer le nombre d’élèves par classe et partageant la même salle de cantine, cela suppose en parallèle de recruter des personnels pour enseigner, encadrer les élèves sur les différents temps de la journée scolaire.