Risques psycho sociaux dans une école à Brive : Alerte sociale et audience

Deux enfants présentant des troubles du comportement ont conduit toute une équipe au bord de l'épuisement...Devant la situation préoccupante des enseignant⋅es, les organisations syndicales ont décidé de lancer une alerte sociale et ont rencontré le DASEN pour trouver des solutions.

Le contexte

Deux frères scolarisés depuis le mois de novembre  font preuve d’un comportement totalement inadapté au groupe classe : bruits et mouvements incessants, bravades, incartades, absence de respect des règles, refus de l’autorité et des contraintes, intolérance à la frustration, toute puissance verbale et physique, harcèlement, colères  ingérables accompagnées d’insultes, de menaces  et de violences physiques à l’encontre des adultes, des autres élèves et parfois d’eux-mêmes.

Malgré les alertes et les nombreux messages de détresse envoyés par les enseignant⋅es, malgré la convocation d’une équipe éducative au mois de janvier, malgré la rédaction d’une information préoccupante au mois  de février et d’un avenant au mois d’avril, malgré les dépôts de plaintes de trois enseignantes,  la rédaction de fiches Santé et Sécurité au Travail  (SST) envoyées au CHSCT par les quinze enseignants de l’école et de nombreuses réunions, aucune  solution proposée n’a permis de venir en aide aux enseignants de l’école qui sont en grande détresse.

Les enseignant⋅es ont fait le choix au début du mois d’avril avec l’assentiment de l’IEN de  sortir les élèves de leurs classes d’origine et de les faire circuler par quart de journée dans les différentes classes de l’école si bien que désormais tou⋅tes les enseignant⋅es les supportent à un moment donné et peuvent témoigner de l’ampleur des difficultés que ces deux élèves génèrent dans les classes. C’est désormais une école en grande difficulté.

 

Il est à noter néanmoins quelques avancées depuis le dépôt de l’alerte sociale:  une enquête sociale est en cours;  le médecin scolaire est venu observer l’un des deux élèves;  des démarches pour une reconnaissance de handicap sont en bonne voie;  un TISF (Technicien de l’Intervention Sociale et Familiale ) se rend deux après-midis par semaine dans la famille, ce qui permet aux enseignants de souffler un peu puisque à ces moments-là les deux élèves restent chez eux.

L’audience :

Lors de l’audience, M.le DASEN a tenu à nous préciser qu’il était parfaitement au courant de la situation , qu’il était en relation régulière avec l’équipe de circonscription , qu’il regrettait que cette affaire n’ait pas été prise en compte plus tôt et qu’il était conscient de la détresse dans laquelle se trouvaient les enseignants.

Il a affirmé que toutes les solutions pour venir en aide à l’équipe et pour aider ces deux élèves en souffrance également  étaient étudiées. Il a émis le souhait que les solutions trouvées soient pérennes et qu’elles permettent à la fois de soulager les enseignants d’ici la fin de l’année scolaire et de scolariser les deux élèves dans des conditions acceptables à la rentrée. Il a précisé que l’un des deux élèves trouverait probablement une place en ULIS (à la condition que le dossier MDPH soit clos) mais que le second qui doit être orienté vers un ITEP risquait d’être sur liste d’attente. Il a également souligné que les décisions ne peuvent se prendre dans la précipitation et que la réflexion engagée doit se poursuivre dans le calme.

M. le DASEN a ajouté que non seulement les enseignants étaient en droit de porter plainte lorsqu’ils se sentaient en danger mais qu’ils pouvaient aussi demander à être accompagnés par l’Inspecteur de circonscription, voire le DASEN.

 

Les organisations syndicales ont tenu à rappeler la souffrance et la détresse des enseignants de l’école. Ils ont répété que la situation avait trop tardé à être prise en compte et que les enseignants comme les élèves de l’école avait entendu et supporté « l’inacceptable ». Ils ont souligné que plusieurs enseignants étaient désormais en congé maladie et que certains devaient rencontrer le docteur Conchard au Rectorat.

Les revendications des syndicats :

  • la déscolarisation de ces deux élèves deux après-midis supplémentaires
  • le recours au SAFT
  • l’intervention du pôle EDEIS
  • la possibilité de recourir à une solution médicale (hospitalisation d’office par exemple)
  • la possibilité de scolariser l’un des deux élèves au moins ( le plus violent) dans une autre école
  • Le SE UNSA demande la déscolarisation complète de ces élèves
  • Le SE UNSA et le Sgen-CFDT réclament à nouveau l’élaboration d’un protocole pour les élèves perturbateurs comme c’est le cas en Haute-Vienne
  • une meilleure politique de la ville qui évite à une école déjà bien fragile  de devoir gérer ce genre de situation qui déstabilise complètement les autres élèves et qui demande à des enseignants déjà constamment sollicités un effort inacceptable.

Les réponses de l’administration :

M.le DASEN et le Secrétairegénéral ont rappelé que la déscolarisation en l’état de ces deux élèves n’était pas légale et que de toute façon ils étaient plus en sécurité dans l’enceinte de l’école. Seule une suspension de scolarisation semblerait possible. Néanmoins, M.le DASEN réserve sa décision.

Il soutient le choix des enseignants concernant la scolarisation des deux élèves par quart de journée dans les différentes classes.

Il rappelle que l’école dispose d’une enseignante spécialisée, d’une enseignante supplémentaire (PMQDC) à mi-temps sur l’école et d’une journée de décharge supplémentaire pour la directrice qui devraient à son sens permettre de réorganiser l’école autour de ces deux élèves sans que le pôle EDEIS ait à intervenir.

L’hospitalisation n’est pas une solution  durable. L’élève risque de sortir rapidement de l’hôpital avec un adulte.

Il comprend la détresse des enseignants et a conscience des difficultés supplémentaires que ce genre de situation peut engendrer dans une école « en politique de la ville ».

Il cite le cas d’un élève qui a été également à l’origine de grandes difficultés dans une autre école et qu’on a choisi de déplacer dans un autre établissement. Il admet que les enseignants ont pu retrouver une forme de sérénité et que la situation paraît apaisée.

M. le DASEN rappelle qu’une équipe éducative aura lieu le lendemain matin et qu’il prendra à la suite de celle-ci une décision rapide.

 

Cette équipe éducative a effectivement eu lieu à la suite de cette audience le mardi 4 juin. Le DASEN propose qu’un enseignant supplémentaire soit affecté à l’école 2 2/2 journées supplémentaires pour s’occuper des enfants en relation duelle…

Cela sera-t-il suffisant pour la sérénité de l’équipe ?

L’IEN propose des groupes de travail et de réflexion avec les psychologues scolaires de circonscription pour adapter les conduites pédagogiques aux problématiques spécifiques des élèves dans le but d’apaiser le climat scolaire…

Est-ce ce genre de mesure qu’attendent les collègues  ? On peut penser que l’administration n’a pas pris la mesure de la situation et n’a pas conscience de l’inappropriation de cette réponse !

Quelles leçons tirer de cette situation ?

Devant l’augmentation de ces situations, la nécessité d’un protocole départemental ou académique pour les équipes  nous paraît plus que jamais d’actualité. Nous le réclamons depuis plusieurs années et avons renouvelé cette demande lors de l’audience !

La mise en place d’un protocole  permettrait aux écoles confrontées à ce genre de difficultés de réagir rapidement, de savoir à qui s’adresser en premier lieu, de connaître les démarches à effectuer, les attitudes à tenir. Ce protocole serait d’autant plus important que M. le DASEN nous a lui-même rappelé que d’autres écoles connaissent les mêmes difficultés.

Mais il nous a été répondu que la mise en place d’un protocole départemental en cas de crise dans une école ne serait en rien une solution ! Pourtant il en existe dans d’autres académies...

 

 

Compte-rendu de la situation rédigé en concertation par le SE-UNSA et le Sgen-CFDT le SNUIPP ayant déjà communiqué seul et déformé nos propos