Le couperet est tombé : 400 postes administratifs doivent être supprimés à la rentrée 2019. Pour le Sgen-CFDT, cette décision n’est pas acceptable. Les conditions de travail des personnels vont encore se dégrader.
Toujours moins d’administratifs
Alors que sous le quinquennat 2012-2017, 400 postes administratifs avaient été créés à l’Éducation nationale, deux année de gouvernement Philippe auront suffi à effacer cet effort. 200 suppressions de postes à la rentrée 2018, et 400 annoncés pour 2019. Il y aura donc en 2019 moins de personnels administratifs qu’il n’y en avait en 2012 après un quinquennat (2007-2012) pourtant marqué par de très importantes suppressions de postes.
Un ministère sous-administré
Le ministère de l’Éducation nationale est sous-administré. Ce n’est pas le Sgen-CFDT qui l’invente. Nous avons tout simplement lu le projet de loi de finances 2018 et nous connaissons la réalité du travail des personnels des services centraux, déconcentrés et en établissement.
Dans le projet de loi de finance 2018, il est écrit : « Dans le domaine de la gestion des ressources humaines, le modèle de gestion intégrée (financière et administrative) déployé dans l’ensemble des services permet au MEN de présenter, au sein de l’État, le meilleur ratio d’agents gérés par gestionnaire. » On y lit qu’il y a « 6 gestionnaires pour 1 000 agents gérés de la mission enseignement scolaire » contre « 15 à 33 gérants pour 1 000 agents gérés et payés » dans les autres ministères, ce qui « illustre une très forte contrainte des services centraux et déconcentrés sur l’activité de gestion des ressources humaines ».
Pourtant, le nombre d’élèves a augmenté grâce aux générations plus nombreuses depuis le début des années 2000, et le nombre d’agents à gérer a augmenté avec les créations de postes dans les différents métiers et en particulier chez les enseignant·es.
Pas assez de reconnaissance
Le ministre semble croire que la charge plus importante pourra être absorbée par moins d’agents. Mais à quel prix ? De tels propos semblent méconnaître la réalité du travail des personnels administratifs et minorer l’importance de leurs missions pour la qualité du service éducatif à la population. Une telle lecture comptable est inacceptable pour le Sgen-CFDT.
Le mépris est net aussi quand le ministre, restant silencieux sur la compensation de l’intensification du travail des administratifs, laisse croire qu’ils/elles ne feraient pas au mieux leur travail.
Rappelons que les personnels administratifs ne perçoivent pas d’heures supplémentaires, n’ont pas toutes et tous accès à un compte épargne temps et qu’ils/elles doivent souvent travailler avec des applications informatiques obsolètes qui les contraignent à un traitement au moins en partie manuel des dossiers des élèves comme des personnels.
Dans les services déconcentrés, ça craque
Manque de personnels, aucun remplacement en cas d’absence, aucun accompagnement à la conduite du changement… la « débrouille ». Voici par exemple les extraits d’un témoignage d’une attachée de l’administration de l’État, cheffe de division :
- « la veille juridique et législative n’est pas maitrisée : dans la plupart des cas, la mise en œuvre des changements juridiques, législatifs, ne sont pas accompagnés : pas de formation, pas d’outils pour les mettre en œuvre. Les collègues sont obligés d’aller à la pêche aux infos et de se mettre à niveau tout seul, d’inventer leurs propres outils, chacun, chacune dans son coin.
- La hiérarchie, monopolisée par les besoins d’assistance des agents, se consacre essentiellement au soutien technique, au détriment des tâches de pilotage, de conception, d’organisation….
- Bien souvent, aucun calendrier des opérations n’existe. Les réformes se succèdent sans anticipation, sans visibilité sur les échéances pour les mettre en œuvre. »
Les réorganisations des services déconcentrés touchent directement les postes des personnels administratifs, ATRF, ITRF des services (déjà bien touchés par les suppressions de postes lors de la RGPP, puis de la NPA, faut-il le rappeler ?). Mais Il faut bien mesurer, et ne jamais perdre de vue lorsqu’on évoque la question, qu’elles affectent en premier lieu ce qui donne du sens à leurs métiers, car on touche au contenu, aux missions, aux niveaux de responsabilités, à l’autonomie dans le travail.
Annoncer des suppressions de postes à la veille d’une réorganisation importante dans le cadre de la fusion des académies s’apparente à une provocation.
Dans les EPLE, ça craque
On charge la barque tous les ans un peu plus :
Les dématérialisations (inscriptions en ligne, bourses en ligne, paiement en ligne, facturation en ligne, budgets et comptabilité sur des plateformes…) se traduisent, contrairement à ce qu’on pourrait croire, par une charge de travail qui ne baisse pas, voire augmente, car le travail se transforme : beaucoup plus d’erreurs à rectifier, de sollicitations des familles, des tâches annexes qui s’ajoutent…
Chaque année, des missions nouvelles viennent encore aggraver la situation : missions précédemment exercées par les assistantes sociales et infirmières (traitement des dossiers de fonds sociaux, gestion administrative de dossiers médicaux), missions d’ordre comptable. Dans le processus de « sécurisation comptable », qui a encore alourdi le travail des agences comptables, mais aussi des établissements rattachés, des missions nouvelles telles que audits internes, fiches de procédure à élaborer, fiches d’autocontrôles à renseigner alourdissent sérieusement les procédures.
La décentralisation a énormément complexifié le travail des services de gestion, pris entre deux autorités, qui chacune exige de plus en plus : éducation nationale et collectivités, ces dernières imposant souvent aux personnels administratifs (qui ne sont pas sous leur autorité faut-il le rappeler), des missions supplémentaires, qui ne rentrent pas en compte dans les dotations en postes de l’Éducation nationale, puisque ce sont des missions des collectivités (on peut citer la gestion de manuels scolaires dans les lycées, les maitrises d’œuvre des chantiers, les bourses et aides diverses des collectivités, des comptes à rendre, des bilans supplémentaires à fournir…).
Dans les EPLE, va aussi se poser la question des missions des CIO, susceptibles aussi de « charger la barque » des personnels administratifs, nous l’écrivions dès l’annonce du projet de fermeture des CIO.