Mouvement intra-académique CPE en Aquitaine : une expérimentation à surveiller

Évolution des règles du mouvement Intra, déréglementation dans l'affectation des postes dits spécifiques, gel de postes : le Sgen-CFDT observe avec vigilance ces évolutions mises en place dans l'académie de Bordeaux.

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Bref historique

L’administration rectorale a surpris tout le monde en instaurant de nouveaux paramètres dès la fin 2017 concernant les postes CPE en Aquitaine. À cette date et sur l’ensemble du vivier de postes à pourvoir, onze postes ont été profilés afin de répondre à des demandes dites « spécifiques ».

En 2018, dix huit postes supplémentaires sont étiquetés spécifiques, ce qui a provoqué le boycott de la CAPA par les représentants des trois organisations syndicales en juin dernier.

En 2019, ce sont une vingtaine de postes supplémentaires qui seront concernés, soit au total cinquante postes retirés du mouvement intra et soumis à candidature, soit  environ 10% du vivier d’établissements en Aquitaine.

Ce qui a conduit l’administration à profiler les postes…

Les caractéristiques invoquées pour ces postes sont multiples : internat, ruralité, CSP défavorisées, projet décrochage, REP, SEGPA, ULIS, cité scolaire, pas d’adjoint.

Selon les  représentants de l’administration, deux constats ont conduit à profiler ces postes : les établissements peu demandés (départements 24 et 47), le cas de l’internat.

Au terme d’une année d’ « expérimentation », il s’avère que les mesures prises sont loin d’avoir atteint les objectifs visés. En témoignent les nombreux postes profilés non pourvus à l’issue du mouvement, le blocage des postes non pourvus (non accessibles aux entrants) et l’opacité des conditions de recrutement avec les dérives inhérentes.

Les CPE ne sont pas à vendre !

Le fait de pouvoir choisir le CPE avant mouvement (les postes profilés étant soumis à candidature accompagnée d’un CV et d’une lettre de motivation) suscite l’incompréhension. Il ne trouve d’autre explication que celle de renforcer le pouvoir du chef d’établissement sur le CPE.

Ce phénomène est préoccupant à plus d’un titre : d’abord il opère une régression relativement à l’établissement d’une règle commune à tous (la circulaire académique), en réinstaurant le pouvoir discrétionnaire du chef d’établissement en amont du mouvement. Ensuite parce qu’il instaure un glissement progressif du mouvement des CPE vers une généralisation hors circulaire (50 postes profilés depuis fin 2017). Enfin parce qu’il rend possible une extension du mouvement « extra réglementaire » à l’ensemble des personnels (les caractéristiques de profilage de postes concernent toutes les disciplines).

Avec cette mesure de profilage, l’administration a choisi de « déréglementer » le mouvement intra des CPE en lui appliquant des règles issues du monde économique (mise en concurrence des collègues, candidature profilées, remise en question du professionnalisme des collègues).

Il est  par ailleurs à craindre que cette expérimentation soit étendue prochainement à l’ensemble du territoire.

Il convient donc de réfléchir collégialement aux réponses à apporter à ce renforcement de l’autonomie du chef d’établissement, afin d’éviter les dérives constatées. Si l’autonomie de l’établissement est chose nécessaire, l’autonomie du chef d’établissement doit être encadrée, elle ne doit pas s’opérer au mépris des règles communes.

Le Sgen-CFDT, favorable à l’autonomie de l’établissement, veillera au respect des règles relatives aux conditions de recrutement des collègues CPE.

Le mouvement du personnel n’est pas un marché, les CPE ne sont pas à vendre !