De plus en plus d'enseignants envisagent de quitter l'éducation nationale... Marie professeure des écoles depuis 3 ans témoigne.
En allant à la rencontre des collègues sur le terrain, nous constatons que de plus en plus de collègues, de tous âges, nous questionnent sur la possibilité d’une reconversion professionnelle, souvent sans trop y croire…(« on sait rien faire d’autre »)
Pourquoi envisager une reconversion professionnelle ?
Les raisons peuvent être multiples (le métier ne correspond pas ou plus aux attentes, besoin d’évoluer, de changer, burnout, traumatisme suite à un incident…) mais souvent il s’agit d’un mal être qui s’est installé, face à la gestion de la classe qui n’est plus possible parce que les moyens de l’inclusion ne sont pas au rendez-vous.
Il n’y a pas lieu de juger ce choix de reconversion professionnelle, il est légitime et les militant.es du Sgen-CFDT sont là pour vous accompagner dans votre démarche
Marie, quelles sont les raisons de ta reconversion professionnelle ?
Depuis plusieurs mois je ressens un malaise dans l’exercice de mes fonctions. Je suis actuellement remplaçante.
Lors d’un remplacement de quinze jours, j’ai été confrontée à une classe de 28 enfants de TPS/PS/MS dont deux enfants présentaient un comportement très dur à gérer. Ils empêchaient tout apprentissage dans cette classe, tout regroupement, temps de motricité… Il était impossible de travailler avec les 26 autres enfants.
Pour gérer le comportement de ces deux élèves, la seule solution était de laisser les 26 autres tout seuls. Et du fait de leur âge, ils ne pouvaient rester assis sur les bancs sans bouger. Si on s’occupait des 26 autres enfants, les deux autres enfants mettaient la classe sens dessus dessous et cassaient le matériel de la classe.
J’ai été attristée par cette situation. D’autant plus que j’ai pris conscience au fil de mes autres remplacements que certes cette classe était très compliquée, mais que cela tendait à devenir « une banalité », « la norme ».
Je ne suis pas devenue professeur des écoles pour gérer presque exclusivement des problèmes de comportement sans pouvoir enseigner.
Depuis ce remplacement, j’ai perdu la confiance que j’avais en moi.
Je rentrais le soir en me sentant mal et j’attendais l’appel de la cellule de remplacement avec appréhension. Lorsqu’un nouveau remplacement m’était donné, il me semblait toujours insurmontable.
Marie, quelle a été ta réflexion ?
Lorsque je me suis décidée à changer d’orientation, j’ai repensé à tout ce que j’avais déjà fait avant d’entrer dans l’éducation nationale.
Entre les différents travaux d’été et mon parcours universitaires (5 ans de droit) je me suis mise à la recherche d’un poste où je pourrais réactiver toutes ces connaissances.
Je pense qu’on a tous en nous les compétences et les connaissances pour exercer un autre métier que celui de professeur des écoles.
Pour ma part, ma préférence s’est portée vers les métiers administratifs, les services contentieux de certaines entreprises et un poste d’éducatrice au sein de la PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse). C’est sur ce dernier poste que s’est portée ma préférence et j’ai été engagée pour un CDD de 6 mois.
Marie, quelles ont été tes démarches ?
Dès que j’ai su que je voulais quitter l’éducation nationale, je suis entrée en contact avec mon syndicat : le Sgen-CFDT. J’ai été soutenue par les collègues militantes et elles m’ont donné plusieurs renseignements : comment se passe une démission, autres possibilités… et le contact de la RH de secteur.
Lorsque j’ai trouvé un emploi, j’ai contacté de nouveau le Sgen-CFDT.
Une militante m’a alors expliqué la démarche à suivre : écrire un courrier au DASEN expliquant ma situation et demandant une mise en disponibilité pour convenances personnelles. Elle a relu mon courrier, m’a donné des conseils et a appelé le secrétaire général pour appuyer ma demande, et cela même alors que notre zone était en congés.
Dès le lendemain j’avais un rendez-vous. Je me suis vue accorder une mise en disponibilité pour convenances personnelles de six mois afin de tenter ma chance au sein de la PJJ.
Je remercie l’écoute et la compréhension de ma situation par l’administration.
Je remercie également les militants du sgen-CFDT qui m’ont conseillée, soutenue et accompagnée tout au long de cette reconversion. Ils se sont toujours montrés très réactifs et disponibles.
Le projet envisagé est propre à chacun.e en fonction de sa vie personnelle, ses motivations et ses objectifs. Ce peut être une demande de disponibilité, un détachement, une création d’auto-entreprise…
Le Sgen-CFDT sera à votre écoute pour faire un bilan de 1er niveau avec vous, et vous conseiller si besoin.
Nous avons également dans chaque département une conseillère RH de proximité qui maîtrise les passerelles possibles entre les administrations et pourra faire un bilan de compétences.
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