Audience du collectif RASED avec l’IA 87 du 26 juin 2020

L'audience sollicitée en février avec l'IA-DASEN de la Haute-Vienne par le collectif RASED, plusieurs fois reportée à cause du confinement, s'est tenue ce vendredi 26 juin par visioconférence. Elle avait pour but d'alerter l'IA sur les principaux problèmes constatés dans notre département.

L’audience débute à 14h par visioconférence.

Sont présents :

Pour l’administration, Mme Orlay, IA-DASEN et Mme Grizon, SG de la DSDEN. M. Rousseau, IEN ASH qui devait assister à l’audience, est finalement absent.

Pour le collectif RASED : Claire Guybert, enseignante spécialisée et représentant l’AREN 87 ; Martine Frugier, psychologue scolaire, Olivier Demarteau, rééducateur au CMPP, Marie-Christine Bouyat, enseignante spécialisée ; Fabrice Prémaud pour la FSU, Anne-Lise Escalettes pour l’UNSA et Didier Marec pour le Sgen-CFDT.

 

Claire Guybert et Olivier Demarteau présentent un état des lieux synthétique du RASED en 2020 dans notre département, ils énoncent ses manques et les principales difficultés rencontrées : maillage insuffisant du territoire, RASED incomplets, postes non pourvus et certaines formations non financées (aide relationnelle ex-option G notamment).

Martine Frugier, psy-EN, rappelle l’un des intérêts principaux du RASED : avoir des approches très variées en amont, ce qui est primordial, avant que les difficultés se cristallisent. La prévention est essentielle, il n’y a pas que la remédiation à prendre en compte.

Elle signale à Mme Orlay que l’une des 18 psy-EN du département va être en congé maternité l’an prochain, puis en congé parental et son remplacement apparaît comme indispensable.

Mme Grizon répond sur ce point qu’en ce qui concerne les psy-EN, il y a une entrée dans le département et 1 contractuelle. Pour le futur congé maternité, elle est en attente du feu vert de sa hiérarchie pour prévoir son remplacement (par une contractuelle ?).

Olivier Demarteau rappelle la pertinence de l’adaptation et de la réactivité des personnels des RASED pendant le confinement. De même, il souligne le fait que leur rôle est primordial en ce moment, où des séquelles psychologiques liées au confinement et à la déscolarisation ont pu apparaître, des inégalités se creuser, avec des élèves « décrocheurs » qu’il faudra prendre en charge aux côtés des enseignants à la rentrée.

Marie-Christine Bouyat, enseignante spécialisée aide pédagogique (ex-option E), insiste sur sa chance de travailler personnellement sur un réseau complet, condition nécessaire pour pouvoir agir de manière très précoce sur la base des difficultés.

Disposer d’une équipe complète et complémentaire se révèle très précieux pour l’accompagnement des enseignants, face aux difficultés pédagogiques comme comportementales. Les RASED complets sont essentiels.

Marie-Christine Bouyat, enseignante spécialisée option E

Elle note également l’importance que cela revêt pour l’inclusion scolaire, afin que chacun trouve sa place, au service et pour le bien des enfants.

 

RASED

 

Mme Orlay reconnait et se félicite de l’implication et de l’engagement des personnels du RASED pendant le confinement. Elle demandera à M. Rousseau, IEN ASH, de le formaliser et rappelle qu’elle l’a évoqué dans une lettre hebdo il y a quelques semaines à peine.

Elle indique quelques chiffres : la dotation des RASED oscille entre 1,9 et 4,8 personnels pour 1000 élèves en France, avec une moyenne à 3,5.

La Haute-Vienne est à 2,2 enseignants de RASED pour 1000 élèves, donc bien en-dessous de la moyenne nationale.

Quant aux missions, vous posez des questions difficiles. Etoffer les RASED ? Vous connaissez l’historique, on les fermait à tour de bras à une époque et nous avons réussi à les stabiliser, vous évoquez des problématiques nationales. Petit à petit, on a fermé presque tous les postes E pour créer les PDMQDC, puis fermé ceux-ci à leur tour pour les dédoublements des cycles 2 en REP.

Jacqueline Orlay, IA-DASEN

Elle ajoute que la Haute-Vienne a un taux d’encadrement P/E en deçà de la moyenne nationale, même si l’évolution des moyens alloués est positive. Elle dispose d’une enveloppe, il faut qu’elle l’utilise en optimisant à bon escient, « en faisant des choix politiques ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les leviers sont devenus moindres petit à petit pour des raisons historiques. Choisir de garder des classes à 13 ou 14 élèves, ce sont des moyens en moins. Vouloir des RASED complets, c’est prévoir derrière une formation, l’accompagnement d’un IEN, restructurer complètement l’ingénierie.

 

Selon elle, les pôles ressources ont été très efficaces, « tout le monde s’y retrouve avec ses différentes compétences ».  Le problème auquel elle est confrontée c’est en quelques sorte les écueils du lobbying.

 

Chacun veut garder les moyens pour lui, après ce sont des blocs contre des blocs. Un RASED solide, c’est un RASED intégré dans une politique départementale.

Pourquoi on n’avance pas ? Parce qu’il n’y a pas de consensus. Je suis épuisée par toutes ces contradictions, ce n’est pas faute de bonne volonté, mais chacun se pense légitime dans ses demandes et apte à décider pour les autres. Si je ne vais pas dans leur sens, je passe pour la méchante, mais on ne peut pas satisfaire tout le monde quand les moyens sont contraints.

Jacqueline Orlay, IA-DASEN

 

Autre souci qui se pose à ses yeux, tout le monde se dit victime, mais comment faire l’articulation des moyens alors que l’on perd des élèves depuis des années sans toucher à des postes en école ?

Elle est toutefois d’accord avec nos propos sur un point essentiel : « Il faut favoriser l’accrochage et non pas prévenir le décrochage, et ce dès la maternelle, le plus tôt possible, je suis tout à fait d’accord avec vous sur ce point. »

On peut certes décider d’étoffer les RASED mais on compense en touchant à quoi ?

L’ingénierie ? Les postes dédoublés ? Les GS à 24 ? Les zones rurales ? Le remplacement ? Tout est verrouillé.

 

Une question est posée à Mme Grizon concernant les 2 postes non pourvus à l’issue de ce mouvement (maître G Bellac et poste CMPP), source d’inquiétude pour le collectif.

En ce qui concerne le poste de Bellac, la SG de la DSDEN répond qu’il était gelé l’an dernier mais bien proposé vacant à ce mouvement 2020. Cependant, il n’a pas été pourvu car les 2 seuls collègues ayant postulé dessus n’avaient pas la qualification requise (CAPPEI, CAPASH ou autre CAPSAIS). Or détenir un diplôme d’enseignement spécialisé est une condition indispensable pour l’obtenir, même si l’on n’a pas la valence « aide relationnelle » (ex-option G). Il ne peut pas être attribué à titre provisoire comme berceau de formation pour un CAPPEI.

Claire Guybert, appuyée par les représentants syndicaux, intervient pour regretter cette règle car au moins 2 personnes dans le département souhaiteraient partir en formation G (sur Bordeaux ou Niort, ce qui implique de fait un coût de formation plus élevé qu’à Limoges) et que si l’on agit ainsi, c’est en quelque sorte le serpent qui se mord la queue : si aucun berceau proposé, aucun départ en formation possible, et donc en bout de chaîne aucun agent ne pouvant accéder au poste…

Mme Grizon reconnaît cet écueil. « Vous avez raison, un arbitrage départemental est nécessaire sur la priorité à donner pour les départs en formation. Si l’on n’ouvre pas de berceau, il ne peut y avoir de personne formée donc le poste non pourvu ne peut pas l’être. » (à moins d’une arrivée d’un collègue ayant la certification en provenance d’un autre département bien entendu).

Pour le poste du CMPP, la réponse est beaucoup plus évasive. Mme Grizon doit vérifier s’il a été gelé et si oui pour quelle raison. Il est co-géré avec les services de santé et elle n’a pas de réponse précise à nous apporter à cet instant mais va se renseigner.

 

Claire Guybert propose en conclusion de fournir à la DASEN le diaporama statistique et revendicatif sur l’état des RASED du département, élaboré en amont de cette audience par le collectif RASED, ce qu’elle accepte volontiers en l’en remerciant.

Et l’Inspectrice d’Académie conclut après 1h de discussion par cette formule plutôt énigmatique :

Le XXI -ème siècle est celui où il va falloir dénouer beaucoup de nœuds, et éviter les ruptures diverses.