La gestion de la crise sanitaire dans les écoles ces derniers jours et les conditions de la reprise le 2 novembre ont amené le Sgen-CFDT, le Snuipp, le SE-Unsa et le Snudi-FO à déposer une alerte sociale locale. Quelles revendications ? Quelles réponses de la DSDEN ?
L’audience en visioconférence débute à 17h et durera presque 2 h. M. Gauthier IEN-A est excusé. Sont présentes Mme Orlay, IA-DASEN 87 et Mme Grizon, SG de la DSDEN, ainsi que Fabrice Prémaud pour le Snuipp, Anabel Roy pour le SE et Didier Marec pour le Sgen-CFDT Limousin. Ahmed Boufenghour pour FO est absent, retenu par un conseil d’école.
Un hommage insuffisant rendu à notre collègue Samuel Paty
En préambule, même si ce n’est pas l’objet de cette alerte sociale, les OS regrettent unanimement la cacophonie liée aux changements de dernière minute concernant l’organisation de la journée du 2 novembre et l’hommage à notre collègue assassiné Samuel Paty, qui ont épuisé et exaspéré les enseignants, notamment les directeurs et chefs d’établissement, contraints à faire et défaire une organisation et la communication afférente dans l’urgence.
Cet hommage aurait pu être ajourné pour permettre aux équipes de prendre collectivement le temps et la réflexion nécessaires à son organisation et à la pertinence d’actions les plus appropriées à l’âge des élèves.
Des personnels épuisés et exaspérés
Des constats
La gestion de la crise sanitaire par le ministère du 28 octobre au 2 novembre a dégradé les conditions de travail déjà largement détériorées, conduisant à une surcharge de travail et à une mise sous pression intenable pour l’ensemble des personnels, notamment les directeurs et directrices.
Les annonces se sont succédées dans les médias, ordres et contre-ordres (nous ne referons pas le déroulé) avec une charge énorme de préparation de cette rentrée et de l’hommage à notre collègue Samuel Paty.
Des revendications pour les directeurs, directrices :
- un allègement significatif des tâches pendant cette période , en prenant exemple sur le DASEN de Haute-Garonne qui a pris des mesures exceptionnelles dès le 15 octobre, suivi le 5 novembre par le DASEN de la Nièvre
- Suspension de l’APC
- Suspension des remontées des 108h
- 12h d’animation pédagogiques au lieu de 18h
- Un délai pour les exercices type PPMS risques majeurs jusqu’au printemps par exemple
- Ne pas avoir à faire remonter les cas contacts
- Transmettre les documents concernant les AESH directement aux intéressé⋅es par l’administration
- Fin des réunions de formation sur le temps personnel.
- Des documents préremplis, arrêter les doublons et limiter les enquêtes ou remontées non essentielles
Assurer la protection de tous
Des constats
Des personnels proches de personnes vulnérables n’ont toujours pas été dotés de masques chirurgicaux de type 2.
Les consignes ne sont pas harmonisées et laissent place à l’incompréhension et la confusion (alimentant ainsi la confusion nationale).
Des revendications
- Nous demandons des masques T2 pour les personnels en maternelle qui sont devant des enfants non masqués, les personnels proches de personnes vulnérables, les AESH.
- La clarification pour les personnels des différentes situations de cas contacts, modalités d’exercice et notamment l’information aux personnes vulnérables précédemment exclues de la liste ainsi qu’aux proches de personnes vulnérables.
- L’administration doit trancher concernant les déplacements en car, l’accès à la piscine.
La réponse de l’administration
- Les masques : La DSDEN reconnaît quelques couacs liés au colisage des dotations envoyées vers les écoles. Certaines d’entre elles n’ont été pourvues que de masques de taille enfant, le chauffeur de la DASEN a été missionné dès aujourd’hui pour résoudre ce problème en apportant les bons masques dans les écoles concernées. A la rentrée, 6 nouveaux masques lavables en tissu de marque Corèle (ceux de la marque DIM ont été retirés) ont été distribués à chaque agent. Des masques de type 2 ont été distribués aux personnels vulnérables qui en ont demandé et des masques inclusifs aux personnels intervenant auprès d’élèves malentendants. Une dotation complémentaire de masques enfants sera envisagée, au cas où certaines écoles viennent à en manquer.
- En ce qui concerne les autres aspects matériels du protocole, certaines écoles manquent de gel hydroalcoolique ou de personnel pour une désinfection et une ventilation suffisante des locaux, notamment sur la ville de Limoges. La DSDEN va communiquer avec la Mairie ou les autres communes concernées pour insister et relayer les demandes des équipes.
- La situation des personnels vulnérables est claire : dans le premier degré, enseignants et AESH sont placés en ASA puisque le télétravail n’est pas possible, les enfants étant physiquement présents à l’école sur le temps scolaire. Ils sont tous remplacés à ce jour, 4 contractuels supplémentaires sont venus abonder la brigade départementale en plus des 10 déjà engagés (essentiellement sur Limoges et ses proches alentours). En revanche, le recours à la liste complémentaire du CRPE a été refusée, contrairement à d’autres académies, ce que nous déplorons vivement. Les personnels administratifs vulnérables sont quant à eux placés en télétravail.
A ce jour, Madame Grizon nous indique que le département n’a pas de difficultés avec le remplacement. Mais que se passerait-il si la situation se détériorait, à cause du Covid (cas contacts ou positifs à remplacer) ou même avec les autres maux de l’hiver qui font toujours augmenter les besoins de remplacement ? Il faut également prévoir la suppléance des enseignantes enceintes qui rentreront dans leur 3ème trimestre de grossesse (critère de vulnérabilité dans le décret du 5 mai).
En cas d’absence d’un collègue non remplacé, il y a la possibilité de répartir les enfants dans les autres classes mais en veillant bien au « contact tracing », au cas où il y aurait un cas positif à déplorer dans les jours suivants. Encore une nouvelle tâche chronophage pour les directeurs donc…
- Au niveau de la communication vers les écoles, la DSDEN va essayer d’être le plus clair possible auprès des collègues et notamment des directeurs, en suivant la doctrine « un mail, un sujet » par souci de pragmatisme.
Plusieurs questions diverses s’enchainent :
- Adaptation des programmes scolaires, liés à la perte de temps liée au protocole (lavage des mains, etc.) : Mme Orlay reconnâit que c’est un problème et fera remonter cette interrogation qui n’est pas de son ressort.
- Quelles possibilités légales pour un Directeur face à des parents réfractaires au port du masque pour leur enfant ? Pas de risques juridiques s’ils refusent d’accueillir un enfant ? Dérogation pour des élèves en situation de handicap ? On lit en effet de plus en plus de commentaires de parents sur les réseaux sociaux, prêts à porter plainte contre les directeurs qui refuseraient d’accueillir leur enfant non masqué. Une communication à ce sujet va être rapidement faite envers les écoles afin de rassurer les équipes.
- Quid d’un ENT 1er degré promis après le confinement du printemps pour faciliter la continuité pédagogique et l’enseignement à distance ? Aucune avancée réelle à ce jour à la connaissance de la DASEN, qui relaiera cette revendication à la Rectrice.
- Problématique du brassage des élèves lors des temps périscolaires : les enseignants s’efforcent de respecter au mieux le protocole en limitant au maximum le brassage sur le temps scolaire, mais constatent que ce n’est pas le cas dans les transports, parfois à la cantine ou sur les temps de garderie …Mme Orlay avoue ne pas pouvoir répondre à cette question. Elle admet que, même s’il faut limiter au maximum le brassage « dans la mesure du possible », il y a certaines circonstances où il est inévitable, « le risque zéro n’existe pas ».Nous lui faisons remarquer que cette formule « dans la mesure du possible », qui émaille presque toutes les phrases du protocole sanitaire soi-disant « renforcé », est un procédé intolérable et intellectuellement malhonnête qui consiste à autoriser subrepticement tout ce qui devrait être interdit !
- Les OS demandent à ce que les réunions (conseils d’école, ESS et équipes éducatives, etc.) soient suspendues en présentiel et qu’une communication claire et harmonisée soit faite à ce sujet. Beaucoup de questions et de craintes nous sont en effet parvenues des collègues concernant la tenue des conseils d’école en ce moment notamment. A nouveau, la DASEN dit ne pas être en mesure de prendre cette décision uniformément dans le département. Elle parle de problématiques locales avec des contraintes différentes, en termes de locaux et de nombre de participants, où chacun doit s’adapter selon le contexte.
- Les rythmes scolaires : alors qu’au déconfinement du printemps le taux d’incidence était inférieur à celui actuel, les écoles à 4,5 jours avaient eu l’autorisation exceptionnelle de fonctionner sur 4 jours. Pourquoi ne serait-ce pas envisageable aujourd’hui alors que le virus circule davantage dans notre région ? Mme Orlay dit qu’elle n’est pas pour l’encourager mais que si une mairie et l’école en faisaient la demande conjointe auprès de l’IEN en la justifiant, alors des décisions d’aménagement des horaires pourraient être prises exceptionnellement localement.
- L’intersyndicale demande enfin la communication à destination de tous les personnels d’une procédure claire concernant les « cas contacts » : Qui prévenir ? Sur quel(s) justificatif(s) ? Doit -on fournir les résultats de son test ? Clarifier la différence entre ASA et arrêt maladie que certains utilisent à tort, se faisant pénaliser d’un jour de carence. Mme Orlay nous indique que la doctrine évolue tous les jours. Il faut savoir qu’actuellement, entre les personnels et les élèves, « le cabinet ne fait que traiter du covid, soirs et week-end compris, malgré toutes les autres tâches habituelles. » Il y a eu depuis septembre environ 1600 cas contacts recensés pour un peu moins de 200 cas positifs.
Le Dr Biogeau-Cambon, médecin du pôle santé en faveur des élèves de la DSDEN, une fois qu’elle a l’information du directeur d’école ou de l’IEN d’un cas positif, trace avec lui les cas contacts éventuels, puis l’ARS et la CPAM prennent le relais pour gérer la situation et prévenir les familles.
Les personnels cas contacts reçoivent alors un courrier de la CPAM qui donne la date du test, à joindre à la DSDEN comme justificatif à la demande d’autorisation d’absence. Le résultat du test relève du secret médical et n’a donc pas à être communiquée à la DSDEN. Un retour en classe est possible après 7 jours à l’isolement en cas de test négatif, mais l’administration ne demande pas aux enseignants de fournir la preuve du test et leur fait confiance. Mme Grizon insiste sur le fait qu’il ne faut pas que les directeurs ou les collègues hésitent à solliciter leur IEN en cas de doute ou de question.
L’importance du dialogue social, des réponses à nos questions
Des constats
Les collègues préfèrent souvent la proximité de collègues représentants du personnel à l’administration et viennent naturellement vers nous pour obtenir des réponses, mais nous ne pouvons pas toujours leur répondre efficacement faute d’informations fournies par l’administration. Même les parents se tournent de plus en plus vers les directeurs déjà débordés.
Des revendications
Nous demandons à avoir des réponses rapides à nos questions pratiques (de même que pour le mouvement) afin d’être réactifs et de renseigner efficacement nos collègues.
Le courrier de l’alerte sociale intersyndicale 87